Mes jolies découvertes du Festival Off d'Avignon 2023

Il est vrai que ce blog est destiné à la beauté, mais celle-ci peut prendre bien des formes, alors c'est avec bonheur que je mets ma casquette d'enseignante de lettres pour vous parler des pépites que le Festival Off d'Avignon 2023 m'a permis de découvrir.

Double Je, Berger et moi

"Double Je, Berger et moi" est le premier spectacle que nous avons découvert au @festivaloffavignon, grâce à la formidable attachée de presse @lhotted qui nous l'avait conseillé.

Joshua Lawrence a écrit ce spectacle à l'occasion des trente ans de la mort de Michel Berger et nous raconte comment les chansons de ce dernier lui ont permis de trouver sa voie et son identité, et tout simplement de vivre.

Excellent pianiste et chanteur, Joshua Lawrence évite les deux écueils que l'on rencontre dans ce type de spectacle : la trahison et l'imitation servile qui tourne au ridicule. Ici, au contraire, l'interprète retrouve les accents et le timbre de la voix de Michel Berger, mais en se les étant parfaitement appropriés afin de nous faire sentir à quel point Berger nous accompagne toujours, mais aussi combien la musique nous rassemble.

Un spectacle propulsé par l'attachante attachée de presse Dominique Lhotte.

Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures

Venez plonger dans l’histoire de l’art tous les jours à 15h au théâtre Le Rouge Gorge, avec « Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures ».

A travers les œuvres d’artistes exemplaires de leurs époques ou de leurs mouvements, Hector Olbak nous entraîne dans un panorama de la peinture, en partant du Moyen Âge pour aller jusqu’à l’extrême contemporain.

Volontiers provocateur dans sa description des œuvres médiévales et Renaissance (la médiéviste que je suis à forcément dressé l’oreille), il nous amène à porter une attention scrupuleuse aux détails des tableaux foisonnant de Van Eyck et de Bosch.

J’ai particulièrement apprécié son étude comparée de la temporalité dans les tableaux de Grünewald et du Caravage.

Il termine par une étude approfondie de l’œuvre de Gilles Aillaud, dont il nous permet de mieux comprendre les secrets et les périodes.

Le tout est ponctué de moments contemplatifs soutenus par des morceaux pour violon et violoncelle superbement interprétés, car il s’agit autant de comprendre la peinture que de s’en imprégner pour la goûter.

Le pari de dépoussiérer l’histoire de l’art et sa pédagogie est réussi, et chacun ressort de la représentation riche de ses découvertes.

Un spectacle promu par Dominique Lhotte.

Les Vengeurs, Le Flower Killer

Vous aimez les univers loufoques et vous avez la nostalgie de Chapeau melon et bottes de cuir ? Alors courez (et en avance car il y a du monde…) voir Les Vengeurs, Le Flower Killer.

Les Vengeurs, deux détectives so sexy et so British, enquêtent sur la mort de Pervenches mystérieusement empoisonnées. Plusieurs suspects gravitent autour des victimes : un milliardaire agronome et séducteur, son savant fou, un chef de la police proxénète et un ministre des Finances graveleux.

Tout est échevelé dans cette comédie où les acteurs ne cessent de franchir le quatrième mur pour faire participer le public à leurs délirante enquête. On s’y amuse beaucoup, spectateurs comme acteurs : le savant fou porte tellement bien son nom que ses camarades ont parfois beaucoup de mal à conserver leur sérieux sur scène.

Le tout est ponctué de références nostalgiques détournées qui feront la joie des quadra+

Mais tous les publics, des plus jeunes aux plus grands, trouveront leur bonheur dans cette pièce ; la preuve : Loélie comme Dominique en sont ressortis enthousiastes.

Spectacle à 19h20 au Théâtre République Paradise.

Un spectacle promu par Dominique Lhotte.

Jean Zay, l’homme complet

Attention, pépite !

Au @theatre.episcene.avignon à 11h40, Xavier Béja est « Jean Zay, l’homme complet », un spectacle qu’il a écrit d’après « Souvenirs et solitude », le journal que ce député visionnaire, emprisonné et assassiné par le régime de Vichy, a écrit dans l’extrême isolement de la cellule où on l’a cloîtré durant quatre années.

Ce spectacle est l’occasion de découvrir tout ce que l’on doit à cet homme dont trop peu connaissent le nom : école obligatoire jusqu’à 14 ans, dédoublement des classes trop chargées, éducation physique et activités de découverte durant le temps scolaire, création du CNRS, de l’ENA, de la Réunion des Théâtres Nationaux, du Musée de l’Homme, du Musée d’Art Moderne, du Musée des Arts et Traditions Populaires, du Festival de Cannes, des droits d’auteur, développement du Théâtre populaire, de la lecture publique, des bibliobus.

On comprend qu’un tel humaniste, franc-maçon et juif avait tout pour cristalliser la haine du régime pétainiste. Il sera un bouc émissaire de premier ordre.

Ce spectacle mis en scène et joué avec une grande justesse rend hommage à cet homme d’exception et à son martyre d’ « amputé de sa liberté ».

A voir et à promouvoir pour que tous se rappellent le nom et les mots de Jean Zay.

Un spectacle promu par Dominique Lhotte.

Le Misanthrope, mis en scène par Thomas le Douarec

Ceux qui me connaissent savent à quel point je suis pointilleuse (ça commence par le même phonème que « pénible », mais c’est plus gentil) avec les mises en scène des grands textes en vers, ces derniers y étant bien souvent allègrement massacrés, comme si la versification n’était pas signifiante.

Je suis plus pénible encore (oui, finalement, c’est le mot qui convient) avec les mises en scène modernisantes qui bien souvent n’apportent rien tout en s’abritant derrière une soi-disant volonté de montrer l’actualité pérenne d’un texte classique.

Et pourtant, avec Le Misanthrope de @thomasledouarec , ce propos prend tout son sens et toute son envergure, dans un spectacle oxymorique : épuré mais baroque, tendre et violent, drôle et terrible, il donne à sentir l’infinie complexité de cette comédie qui est l’une de celles où la dimension tragique de l’écriture de Molière est la plus sensible.

Tous les personnages sont mis en valeur dans toute l’épaisseur de leur humanité, et tous nous touchent. La mise en scène est brillante, intelligente et sensuelle, enlevée de parties musicales et chorégraphiées, rappelant que Molière était aussi passé maître dans le spectacle total qu’était la comédie-ballet.

Un immense bravo à @thomasledouarec et à sa talentueuse troupe de comédiens.

Le Misanthrope, au Théâtre des Lucioles, un spectacle promu par Dominique Lhotte.

Le Jour où je suis devenue chanteuse black

Plus je découvre les mises en scène de @thomasledouarec et plus je suis impressionnée. L'année dernière, je vous avais présenté Very Math Trip, et cette année, Le Misanthrope : un one man show mathématique et pédagogique, et un grand classique de Molière ; deux genres pour le moins distincts.

Et hier soir, nous avons été enthousiasmés par son "Le Jour où je suis devenue chanteuse black", un spectacle construit autour de la personne et de la vie (toutes deux exceptionnelles) de Caroline Devismes, une petite fille du Pas de Calais rêvant de devenir une chanteuse black. Le suspense, on le comprend rien qu'à l'ouverture du spectacle, ne réside pas dans le fait de savoir si elle y parviendra, mais bien davantage de comprendre comment, à la faveur d'un tour dont le destin a le secret.

Et cette destinée pleine de surprises, @devismescaroline vous la raconte avec infiniment de tendresse, de drôlerie et, surtout, avec des bijoux de musique, grâce à son batteur percussionniste Alex Anglio et son claviériste Mehdi Bourayou, qui partagent son rêve d'être les héritiers de la tradition musicale afro-américaine.

Ce trio fait éclater le talent de Caroline Devismes sur le berceau de laquelle toutes les fées semblent s'être penchées : elle est sublime de beauté et d'allure (mais combien ses jambes mesurent-elles ?), elle danse à la perfection et chante avec une amplitude vocale impressionnante, et d'autant plus impressionnante que sa voix sait aussi bien se faire grave, puissante, douce, ou cristalline, jusque dans les aigus dans lesquelles elle n'a rien à envier à ce que l'on peut entendre chez les chanteuses lyriques.

Ce spectacle, et la personnalité détonnante autant qu'attachante de la protagoniste, mais aussi de ses terriblement sympathiques acolytes, vous transporteront d'allégresse : je vous défie d'en sortir sans avoir la banane et être plein de confiance dans la possibilité des hommes d'abolir ce qu'ils croient être leurs différences. A voir d'urgence pour croire en la vie, et l'aimer.

Un spectacle promu par Dominique Lhotte.

La Folle Histoire de France, et sa suite, Battle Royale

J'ai eu le grand plaisir d'être invitée par @chacomdif1 à assister à la représentation des deux pièces à succès de la compagnie @terrenceetmalik : "La Folle Histoire de France" et sa suite, "Battle Royale".

La première met aux prises un prof d'histoire, Terrence, et un cancre fini, Malik : cela fait maintenant vingt ans qu'il est en 5e et que la pédagogie classique échoue à intéresser cet élève sympathique mais sacrément cossard. Mais Terrence va trouver le moyen d'immerger son élève dans l'Histoire et de lui faire y prendre goût... et au public, du même coup.

Le spectacle entre dans sa huitième saison et grâce à lui, les spectateurs des 800 représentations qu'il compte à son actif ont tout appris, dans la bonne humeur, de la guerre de Cent Ans, de la bataille de Marignan, de la Révolution et d'autres épisodes célèbres comme le régicide d'Henri IV.

Il était temps de créer une suite pour nous donner l'occasion de prolonger le plaisir, et c'est chose faite avec Battle Royale. Malik est devenu inspecteur, et il est toujours le rival de Terrence dans le coeur de la belle professeure Mme Bossand. Malik était venu prendre sa revanche, mais Terrence trouve le moyen de faire revivre le cancre toujours tapi au fond de lui, et le duo va cette fois nous proposer de retrouver les origines de la démocratie française.

On rit toujours beaucoup, c'est toujours aussi loufoque, et c'est toujours aussi exact du point de vue historique. Je vous mets au défi de deviner le point commun entre Alphonse de Lamartine et Valérie Pécresse. Vous ne voyez pas ? Alors courez voir Battle Royale.

Les deux pièces se jouent en ce moment même au @festivaloffavignon au théatre Le Paris : prenez tôt vos places, car elles ont un tel succès que la salle, quoique grande, affiche vite complet.

Un spectacle promu par @juliechloeparis pour @chacomdif1

Merci beaucoup @lhotted et @juliechloeparis pour les invitations presse